Plaisir d’annoncer, avec un petit retard à l’allumage qui ne dit rien d’autre que mon manque de temps, la parution chez Publie.net du nouveau numéro de la revue d’Ici là, le numéro 8 très exactement, que sur la couverture l’on voit couché, non pas qu’au 8ème round l’écriture serait déjà sur le flanc, mais qu’elle profite de cette occasion donnée par le nombre pour le dévier un peu, et s’affirmer infinie.
L’infini ce n’est pas forcément grand, au sens où il ne s’agit pas de faire de la grande littérature, de la littérature qui s’enflerait du jabot. L’infini n’est pas la mesure de l’ampleur des panses. C’est une négation seulement, un refus qu’on puisse en rester là avec certaines questions, qu’on puisse se contenter d’un Ici là sans rajouter un d’. L’infini est une grammaire, celle qui préside à toutes les explorations.
Ceci pour faire un bref retour sur la belle journée organisée le 10 janvier à la BnF intitulée Pour un humanisme numérique, où la question nous fut posée, à Camille de Toledo, Sébastien Rongier et moi-même, des conséquences de nos tentatives d’écritures, qui risquaient l’inachèvement à vouloir sortir du livre et de sa complétude. Il y a ce risque, c’est vrai. Il y a ce risque de ne pas achever, mais il faut le prendre pour en éviter un autre plus grand, celui de ne pas accomplir. L’écriture échoue de toute façon à délimiter son territoire, tout au plus peut-elle s’aventurer à tracer des chemins.

Et c’est exactement de cela dont parle le numéro ∞ de la Revue d’Ici là, avec cette citation comme départ d’écriture à tous les textes : La forme d’une ville, hélas ! change plus vite que le coeur d’un mortel.

La forme d’une ville, ce n’est pas sa délimitation. La forme de l’écriture non plus.

Ceci posé, on peut tenter des choses, qu’est-ce que c’est, de l’écriture ou bien autre chose, on ne sait pas, mais voilà, j’ai par exemple proposé quelque chose dans ce numéro, quelque chose que je n’ai pas écrit, mais dont j’ai gardé seulement une trace sonore, juste l’expérience de déambuler dans la ville munie du petit dispositif micro-oreillettes de mon téléphone, et de parler dedans, de parler de ceux là qui parlent aussi en marchant dans la ville, mais sans oreillettes, parce que précisément ils ne sont plus attachés à aucun interlocuteur, et que leur parole se déverse infiniment dans l’espace urbain, se déjette, sans écoute et sans recueil, formant viles paroles, ville parole.

Ceci posé on peut explorer, accepter d’aller là où on ne sait pas, et cela aussi la revue d’Ici là le permet dans sa lecture, chaque texte comprenant des tunnels souterrains, liens, vers tel ou tel autre texte du recueil, les mettant en écho, en correspondance, déjouant les déambulations par grands axes et boulevards pour proposer d’autres perspectives.

 

Alors, lecteurs, courez vous perdre infiniment. C’est ici.

 

L’infini d’ici là | 2012 | ni l'un ni l'autre | Tags: , ,