Le souci nous habite. Le souci en nous ne dort jamais. Il se tourne, se retourne, nous froisse.

Il se plaint qu’il n’y voit pas assez clair. Il se plaint qu’il y a trop de lumière. De l’intérieur il tire des fils, pour tenter de régler tout ça, filtrer tout ça.

Il tire des fils, toute notre peau réagit comme rideau à galon fronceur. On se retrouve avec une tête à plis, un genre de fenêtre bourgeoise encadrée de voilages compliqués, grisâtres, qui ne laissent passer le jour qu’avec parcimonie.  Notre front en corniche s’affaisse indéfiniment sous le poids de lourds velours mous, qui théâtralisent nos préoccupations. Nous sommes une sorte de scène de théâtre à l’italienne à l’ouverture de l’Acte I, moins l’opulence (On sait de plus que ce n’est plus dans ce genre de scène qu’on joue les grands drames, seulement les pièces de boulevard, où le tragique, comme le comique, est toujours de répétition).

Notre souci tire des fils, dans sa lutte incessante contre la lumière, contre la noirceur ; il appelle ça : réfléchir.

Sa lucidité nous rend sombre.

 

 

Froncer | 2014 | la tête que ça nous fait | Tags: , , ,