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C’est bizarre quand même d’avoir attendu si longtemps avant de proposer a Christine Jeanney de vase-communiquer…j’aime tant son écriture follement précise, vaguement folle…. Enfin la voici ici chez elle.
Ici chez elle je sévis
La liste des vases de juillet est ici ( merci Brigitte Celerier)
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Ça commence par de petits entonnoirs dans la terre sèche, toujours aux mêmes endroits, même quand je lisse la surface de la main ou du pied, ils reviennent, ça commence étrangement.
Ça continue par une photo de l’endroit que je twitte @cjeanney Qu’est-ce que c’est ?

@paesineI wouah un trépied invisible /
(une belle idée, mais vite chassée, n’ayant pas d’appareil photo invisible à fixer dessus)
@CanisLupusBzh Les oiseaux :-) visiblement ils aiment à prendre en vos jardins le bain de poussière qui les préservera de la vermine.
Je lui indique que non, puisque les trous laissent échapper parfois, mystérieusement, de petits jets de poussière verticaux…
(nous évoquons ensemble l’hypothèse hasardeuse de minuscules baleines hydrophobes vivant sous terre)
@robinsonenville la réponse à la question m’intéresse aussi ! Fourmilion ?
Car c’est le piège du fourmilion de creuser un trou évasé dans lequel les petites bêtes glissent. Et puis
@robinsonenville j’aurais ça chez moi, je camperais devant pour saisir le drame :) #cruauté #entomologie #fabredepoche
Alors bien sûr je campe. C’est facile. Juste à côté de la porte d’entrée. On rentre/ on sort / on fait un détour pour épier. (croquis 1)

Ensuite je m’intéresse.
Le fourmilion ventru aime manger les fourmis et ne connait que la marche arrière. Impossible pour lui de les attraper à la course ou au lasso. Alors il recule au creux de la terre sèche, s’enfonce et donne de grands coups de nuque pour évaser son entonnoir funeste correctement (d’où les petits jets de terre sèche) et il attend que les fourmis y tombent, glissent et retombent, se fatiguent, puis de guerre lasse se laissent manger.
Et c’est mon voisin.
Comment c’est chez lui ? je me demande. (croquis 2)


Bon, c’est approximatif, la vérité est plus proche de ça (croquis 3) :

Et puis j’arrive à prendre photos en mitraille de la bête.
Photo 1 : elle est là.

_ Ciel ! ce trou est une bauge ! encombré de ficelle pelucheuse et graine, quel désordre ! s’exclame-t-il avec force.
Quelques coups de nuque bien placés et les déchets encombrants s’envolent (photo 2).


« Propreté et rigueur sont les deux mamelles du fourmilion » (proverbe proverbial) (photo 3).


Je zappe le moment où il enfonce ses crocs dans la proie malchanceuse, la digérant sur pied.
Et verrai-je le moment où recroquevillé en cocon il se transformera en diablotin ailé (proche de la libellule) ?


En attendant je rêve : « fourmi-lion », comme dans ces jeux pour enfants où l’on s’amuse à créer, tête de poisson/derrière de tigre, des animaux chimériques.


Et puis quelque chose me dit que nous sommes très proches lui et moi : postée dans mon trou d’internet (comme d’autres) et à grands coups de nuque je récupère les liens qui glissent vers moi pour m’en nourrir. Autour, je vois qu’il y a beaucoup de trous, de traces.

Nous sommes tous des fourmilions.

Le fourmilion et moi – Christine Jeanney | 2011 | vases communicants des autres sur Petite racine | Tags: