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J’aurais bien pu y aller, toute cette semaine, au lycée. Pas pour mener ateliers d’écriture : à l’intérieur il n’y avait pas d’élèves, ou peu. Mais je me suis posée la question, dois-je y aller quand même, aller voir, témoigner de ce blocage parmi d’autres? Et puis non, je n’y suis pas allée. Parce que, quoi? Qu’aurais-je pu voir et en dire, dans ce feu de l’action si facile à scénariser? Qu’aurais-je pu voir et en dire qui donne justice à ce qui se passe? Et de quel droit l’aurais-je dit? J’aurais peut-être pu faire quelques photos de poubelles qui crament. J’aurais pu faire la subtile, séparer, devant la grille du lycée, ceux qui viennent pour casser et puis les autres. J’aurais pu gloser sur la jeunesse. Mais je n’en connais rien d’autre que la mienne qui s’éloigne et celle de mes enfants qui se dessine à petits traits. C’est bien pour cela que je suis heureuse de faire cette résidence en lycée, pour m’approcher d’une classe d’âge que dans ma vie actuelle je ne fréquente pas, pour m’en approcher seulement, sans chercher forcément à avoir à en dire quelque chose, mais avec la ferme intention d’aller voir les personnes derrière le rideau de discours tout préparés et un peu rances qu’on nous sert régulièrement. Eh bien alors, c’était le moment? Non, ce n’était pas le moment. Ce n’était pas le moment car je crains beaucoup l’intérêt (dans tous les sens du terme) qu’on pourrait trouver à interpréter ce type de témoignage, à y trouver des preuves supplémentaires pour des opinions déjà faites.

Donc, planquée? Peut-être bien. Je n’ai jamais eu d’autre impression où que j’aille et quoique je fasse, que celle-ci, de n’être pas où les choses se passent. Mais c’est dans ce vide, peut-être, entre là où l’on est et là où les choses se passent, qu’il y a possibilité d’écriture.

Donc, la seule chose qui a cramé pour moi cette semaine, c’est le feu périphérique de ma gazinière.

J’y vais j’y vais pas | 2010 | compléments d'objets | Tags: , ,