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Prendre un bloc de réel : toujours beaucoup trop épais. Il faut dégrossir. Mettre un coin dans la tranche, taper. Le réel est friable, il cède assez volontiers. Hélas, jamais selon le chemin de faille prévu. On se retrouve avec des pièces aux formes fantasques, certaines encore trop massives, certaines ridiculement petites, anecdotiques, à jeter.

Celles qui restent, on se doit d’en émousser les bords, trop tranchants. Faisant cela, on se demande si on a raison, si à arrondir ainsi les angles on ne ment pas un peu. Mais enfin, on poursuit, et voilà nos meilleures intentions transformées en pavés. Le réel est une ardoise qu’on écrit avec ses pieds.

Ensuite, il faut assembler, trouver les pièces dont les formes s’épousent et se répondent, inventer entre elles la possibilité d’un cheminement. Et surtout, surtout, ménager les interstices, laisser la place propice aux poussées d’herbes folles. Composer pour assurer la stabilité des pas, ne pas tout occulter.

 

Opus incertum | 2010 | compléments d'objets | Tags: ,