Il y a ces jours d’indolence, où l’on regarde les choses comme du dehors. Notre place est un coussin, un fauteuil, une branche d’arbre : tout endroit hors l’arène.
On s’installe, on regarde l’arène.
Mais qui est spectateur, qui fait spectacle? A force de rester là devant ce qui s’agite, on est un point d’inaperçu qui devient très sensible. Une photographie à très longue pause prise dans un salon de réunion de famille, où le chat repose sur le canapé : à la restitution ne restera des gestes humains que quelques trainées de couleur venant brouiller les motifs du papier peint, et au milieu de l’image, les contours très définis du chat, à pouvoir lui compter tous ses poils de moustache.
On regarde l’arène, mais on n’est pas du genre à sauter sur son siège, à battre des mains et vociférer, et c’est pour cela qu’on devient visible. Quoi faire alors? Rien. On reste coi, comme si on n’avait jamais appris à rien articuler. On peint seulement sur ses lèvres un sourire de Joconde, ou à défaut, celui du chat de Cheshire, ou n’importe lequel des jeux de commissures qui font qu’on n’est sûr de rien en les regardant, est-ce ironie, est-ce bienveillance amusée, est-ce même seulement tendresse, ou encore, oscillation entre désir de rejoindre le jeu, ou souhait de disparaitre plus encore, en laissant à ceux qui nous regardent notre seul sourire comme énigme, comme caution.