Passant, ou bien passante, tu passes par là,  difficile de savoir où tu en es puisque seulement tu passes, toi-même tu ne sais pas très bien, d’ailleurs on en est tous là.

Tu passes, ton regard s’occulte de tout ce qui aujourd’hui va t’occuper. Tu ne sais pas où tu en es mais tu sais ce qui te requiert. Tu ne sais pas que c’est ce qui te requiert qui t’égare.

Tu ne sais pas où tu en es mais tu traces, c’est-à-dire, tu vas vite à te délester. Si bien qu’en toi ça finit par sembler vide, du moins tu n’y vois pas grand chose. Ta pensée devient grise et borgne de ne plus savoir ce qui la nourrit, et n’accepte plus de ce qui vient que la lumière avare et informe du réel tel qu’il doit être.

Tout ça c’est bien cadré,  tu ne sais pas où tu en es mais tu sais passer vite vers ce qui te requiert.

Et puis, comme par inadvertance, quelque chose te retient, quelque chose te revient, qui pourtant ne t’appartient pas. Quelque chose qui ne sert plus à rien, un souvenir dépareillé, l’idée de sauter à cloche-pied, n’importe quoi : tu sais, parfois ça se joue à des détails.

Dans la rue tu passes, et c’est comme si tu faisais tes premiers pas.

Pas perdu (pour tout le monde) | 2014 | ni l'un ni l'autre | Tags: , , ,