Oh votre peau si blanche et sans grain, découpée précisément selon un patron parfait.  Vous êtes posée parmi ces tissus chamarrés et moelleux, comme pour montrer que votre soie est plus fine.

Vous êtes un luxe.

Vous êtes Blanche-Neige, toute cette peau si pure et claire, écrin pour le charnu sombre de votre bouche, le charbon de vos yeux.

Êtes-vous si naïve, et vous laisseriez-vous mener au plein coeur de la forêt pour qu’on vous arrache le coeur?

Quelque chose en vous est aux aguets.

Vous êtes fine et casquée, presque guerrière, cheveux noirs si raidement séparés et tenus.

Vous êtes Diane. Ou même, quelqu’un de plus antique, de plus redoutable. (N’était votre port de tête, si occidental et moderne dans ce trois-quart étudié, menton baissé, yeux vers le haut, n’était aussi votre position assise, vous avez quelque chose d’égyptien : jambes de profil torse de face.)

Vous écrasez sous vos pieds délicats un coussin qui s’avoue vaincu de très bon gré, et vos doigts semblent faire un signe à celui que vous regardez hors champ pour lui enjoindre de venir à son tour se coucher à vos pieds.

Vos tétons s’effacent, votre peau est une armure.

Mais trêve de mythologie. Ce que je vois surtout c’est que vous vous tenez comme si vous étiez au salon avec des invités, serrée dans une robe étroite à large col, prête, entre deux bouffées de cigarette, à donner la réplique à une amie aussi bien mise que vous.

A vous surexposer ainsi, à faire disparaître votre peau dans la lumière, c’est comme si je ne vous avais pas du tout déshabillée.

 

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Merci à Alexandra Loewe de m’avoir prêté cette image de peau toute en lumière.

Surexposée | 2014 | dans le viseur | Tags: , , ,