Tu poses comme si on t’avait posée là. Tu poses parce que je te l’ai demandé. Tu poses comme si tu étais une cible, comme si tu étais le coeur de la cible. La cible est horizontale, toi tu es debout. Tu es debout mais tu te tiens à l’arbre, comme si tu avais peur de tomber, ou bien pour délasser tes jambes, ou bien pour te donner une contenance.
Tu sembles calme, clouée au pilori, mains attachées derrière le dos, assumant la honte d’être ainsi exposée, attendant stoïque que le coup parte.
Tu ne serais pas si sobrement vêtue, ton attitude aurait quelque chose en commun, l’attente, avec ces femmes qui cherchent à attirer le chaland. Mais celles-ci généralement s’appuient contre les murs.
Toi tu es plantée là, au milieu de la grille, au milieu de la ville, tu es plantée là contre l’arbre, comme pour grandir avec lui.