Tu avais été heureuse ce jour là.

Heureuse de  jouer cette scène dans le jardin.

Tu avais pu prendre le costume le jour de relâche mais la scène tu l’avais jouée seule, nous laissant combler les silences, nous laissant reconstituer la scène, nous laissant seuls.

La fin de cette journée et la fin de l’été s’installaient en moi avec la légère gène à te voir réagir face au silence continuant à jouer comme si ton partenaire n’était visible que par toi.
Tes parents avaient ri, je n’arrivais pas à rire.

 Je pensais à ce que nous avait dit le médecin.

Ce n’est qu’après le jeu que j’avais pu prendre la photo, tu avais prévenu, pas de photo pendant que je joue.
 Je ne sais pourquoi ta mère avait avancé sa chaise, je te voulais en mouvement tu t’étais assise, avais pris la pose.

(Ton visage comme au réveil.
 Tu ne souris pas, tu as la gravité de celle qui retient un sourire.)

Géraldine Heredia

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Géraldine Heredia a participé, avec d’autres personnes, dont vous lirez ici aussi les textes, à un atelier d’écriture que j’ai proposé jeudi 24 octobre à l’invitation de Peuple et Culture, à Marseille. Je n’ai fait que partager ce que je fais moi-même, la même tâche exactement. Mais maintenant c’est leur regard qu’on lit, à la place où j’avais logé le mien en choisissant ces images. Elles échappent à mon regard, c’est tant mieux.

Après le jeu – Géraldine Heredia | 2013 | dans le viseur