Parmi les visages que l’on se découvre au matin devant miroir, il y en a de plus humains que d’autres, mais on ne sait jamais lesquels. Nos masques de sérieux, nos masques d’inquiétude sont-ils plus humains?
Nous nous cachons les dents. Ce qu’elles ont de tranchant, nous ne l’exprimons plus que par les yeux, et nous pensons que c’est le seul regard possible. Devant miroir, nous sommes à nous-mêmes un effet de réel dont nous n’arrivons pas à nous départir.
Tout ce qui ne se range pas perpendiculaire à notre regard droit sur les choses nous gène et nous irrite. La fantaisie s’enkyste à nos bords comme un cil en bataille entravé dans sa pousse, devient cette minuscule pupille aveugle et décalée qui nous trahit, nous qui croyons dur comme fer à la lucidité