De Monaco tu n’as pas aimé la petitesse du lieu. Territoire étriqué, bourré à craquer, où l’on croise des femmes aux sacs à main minuscules, mais trop pleins aussi, trop pleins de petits riens, mouchoir fin, blush et miroir, gros billets et piécettes à déverser dans les machines du casino.

Tu t’es moquée du décor propre et de la fable aux princesses, tu t’es agacée du bruit des voitures toujours en course même quand ce n’est pas le moment du prix.

Tu n’as pas aimé non plus comme le soleil était convoqué pour faire briller les chromes, pour servir les peaux à démontrer des réussites éclatantes, comme tout ici ne sert qu’à cela, se montrer en triomphes factices.

Le seul endroit que tu as aimé c’est ici, ce paysage de rocaille ordonné en chemins de bitume serpentant sagement sous la chaleur. Faute de plus sauvage, tu en as fait un terrain de fugue et d’espièglerie, le seul possible. Il faisait trop chaud cet après midi là pour qu’on y croise les délicates et les mondaines, les toilettes sophistiquées, les chapeaux et lunettes, les montres brillantes. Mais toi, tu étais là à ton aise, en aventurière, en gamine, jouant à cache cache avec mon objectif parmi les cactées et les plantes grasses. Au royaume du paraître, tu as refusé la place au soleil que je te proposais pour garder le souvenir de cette escapade. Je n’ai pu t’attraper que comme ça, camouflée dans les piquants d’ombre et de lumière, invisible et radieuse.

 

_____

PS : erratum du post précédent, corrigé depuis : ce n’est pas le 30 janvier mais le 1er février à 16H30 que j’interviens au colloque de la Maison des écrivains et de la littérature « Enjeux IV : Quand la littérature fait savoir » (semblerait qu’elle ne fait pas savoir comment gérer son agenda)

Vivons cachés | 2013 | dans le viseur