Je me suis assise avant eux mais ils discutaient déjà. Je ne pouvais quand même pas couper leur conversation. Alors j’ai sorti quelque chose à lire, c’était un texte de François Rosset, Ne rien pouvant, ne rien voulant, ce qui n’était pas mon cas. Je me sentais un peu prédateur, attendant mon heure.
Puis, il y a eu un blanc dans leur conversation, alors j’ai demandé ses mains à lui, puisqu’il était en face.
La chose la plus importante qu’il avait à m’en dire, c’était que la douleur de sa bosse d’écolier ne passait pas. Depuis tout ce temps ça ne passait pas, car même s’il est jeune encore il ne va plus à l’école depuis longtemps. Le petit durillon, il le porte sur la dernière phalange de l’annulaire, et non sur celle du majeur. Je revois dans mes propres souvenirs d’écolière ces quelques mains qui me semblaient maladroites à ne pas tenir leur stylo comme on nous l’apprenait.
J’ai eu l’impression un moment de tenir une petite consultation, à entendre le compte rendu de cette douleur tenace.
A part ça, sa ligne de vie est démesurée, une vraie liane prête à faire le tour de la main si on la laissait faire.

Opiniâtre | 2009 | à mains nues | Tags: , ,