On a passé une si bonne nuit! Couchés sous notre ciel de toile, on a passé un long moment à se parler au travers de la peau des tentes, à se raconter des histoires drôles qui nous faisaient pouffer même quand elles étaient mauvaises, surtout quand elles étaient mauvaises. Puis on a joué à se faire peur avec des histoires pas si effrayantes de fantômes et de morts-vivants.
Vous vous êtes endormis.
J’ai mis longtemps à trouver mon sommeil. Je guettais le souffle des enfants dans la nuit. Je regardais les pentes rayées qui me servaient d’abri, et comment les bandes blanches produisaient une sorte de lueur, zébrant tout mon intérieur. Une voiture est passée sur le chemin du camping, les rais de lumière et d’obscurité se sont mis à tourner dans les phares, j’ai eu comme un vertige, ne plus savoir où est le ciel, où est le sol. Ce matin tout est remis en place, le rayé de la tente est on ne peut plus régulier, et ses pouvoirs réfléchissant s’activent désormais grâce au soleil, qui est un astre beaucoup plus stable que le phare des voitures. Vous aussi, vous êtes lumineux. Pas réveillés mais lumineux. Vous êtes installés au flanc de la tente, vous accompagnez joyeusement sa ligne de fuite, sa ligne d’élan.
Tout est apaisé sans être posé. La preuve, ce scintillement, reflet de quoi, qui vient agacer l’herbe sombre. Ce scintillement, reflet de notre joie.